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22/07/2018

Hommage à Marie-Madeleine

 

Marie-Madeleine est l'immense du don, l'arrachée du carcan en quête d'absolu, le coeur pur mirobolant qui vole vers les cieux arides de l'amour pour le tout - ce qui pour moi est le sens du mot Foi.

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Elle donne tout. Et pour cause, elle a l'essentiel : l'amour. St Paul évoque qu'on peut tout avoir, être pourvu de toutes les vertus, si on a pas l'amour, on a rien (1Co 13) . Marie-Madeleine est délestée de tout, mais elle a l'amour pour elle, et elle peut être oubliée des pouvoirs et des histoires certaines, elle a tout.

Cet amour immense jeté du coeur de Marie-Madeleine, elle l'a trop grand pour le garder en elle, elle le dispense tant et plus. C'est la figure même de la mystique, connectée au monde par tous les pores de son corps. Tous les textes qui l'évoquent montrent une femme hors du commun par ce qu'elle peut donner à l'autre, avec simplicité et certitude.

 

Elle accompagne le christ dans sa passion, sur la croix, quand tous les autres ont fui. Là elle reste avec Sainte Marie la mère de Jésus, et Saint Jean, face à l'immense (Jn 19 25).

 

C'est la première évangéliste, puisque c'est la première à délivrer la bonne nouvelle de la résurrection (Jn 20, 18).

Car c'est d'abord la première à voir le messie ressuscité, c'est à dire que c'est la première à refuser la peur de la mort, et à avancer en confiance, signifiant par là que la parole de Jésus est en nous, qu'il est la vérité, le chemin et la vie (Jn 14 6).

Elle reçoit cette présence en confiance parce que le seigneur l'a choisie, ce qui signifie qu'Il l'a reconnue dans son éveil. L'évangile de Marie nous la présente comme un être éveillé (évangile de Marie p15-16), qui a ouvert les yeux si grand qu'elle pourrait se dissoudre dans l'éther, mais reste parmi nous par amour du monde. Elle aurait été initiée à des vérités que les autres disciples n'ont pu entendre (évangile de Marie, p10, v.6).

Elle sait, avec son coeur, la vérité toute simple : cette chose appelée Dieu est amour, est simplicité, est vérité.

 

La vérité dont il s'agit est celle qui sort Lazard de la torpeur, et non une quelconque connaissance au sens scientifique. A-leteia, elle est sortie de la léthargie, avec l'éclat où l'on ne peut plus l'ignorer (Heidegger, essais et conférence, Aleteia).

Cet éclat est celui de l'ivresse mystique, de l'éclatement face à l'absolu lorsque celui-ci perce à travers le ciel une brèche, comme dans l'épisode attribué parfois à Madeleine, où celle-ci écoute le christ tandis que sa soeur Marthe oeuvre à permettre l'accueil dans son logis. La réponse faite à Marthe concernant l'ivresse de sa soeur devant la présence et la parole du christ fait scandale - "Laisse -la Marthe, elle a pris la meilleure part, celle-ci ne lui sera pas reprise" (Lc 10 38-42). Ce scandale n'est pas celui de délaisser le devoir pour l'ivresse mystique. Le scandale dont il est question est bien moins moral, bien plus profond : une femme pourrait avoir une relation intime à Dieu, et pas seulement rester à sa place. Ce scandale n'est pas rien : il est proposé à la femme d'avoir un autre devenir que celui de mère et gérante du foyer. ça ne lui sera pas retiré, c'est à dire qu'aleteia, la révélation sera pour Marie-Madeleine un point de départ sans retour possible. Une femme peut être un disciple, comme l'a déclaré le pape François au sujet de Marie de Magdala, et comme il est écrit dans les évangiles (Lc 8). Cette place est interdite à la femme dans les sociétés, qui ne proposent comme alternative que la maman et la putain. La connaissance est pour la femme un pécher dans certaines sociétés - cette femme devient une pécheresse. C'est ainsi que le pape Léon IV vint assoir le pouvoir phallocratique sur l'église romaine en produisant l'amalgame Marie-Madeleine - putain. Ceci en partant de l'épisode où une fille de mauvaise vie vient laver les pieds de Jésus avec ses cheveux, produisant le scandale dans le coeur d'un possédant qui pensait que dieu rejetterait les filles de mauvaise vie, et lui accorderait à lui, comme dans tous les lieux du pouvoir, une place privilégiée. Il n'en est rien puisque le royaume de Dieu n'est pas celui des pouvoirs terrestres, et que l'intensité du repentir de cette femme est d'une honnêteté qui lui ouvre le chemin (Lc 7 36-50).

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Pas de controverse "femme de jésus", "pute" ou que sais-je, mais entendre ce qui se peut des textes qui nous sont parvenus. Et par exemple que ce texte du deuxième siècle qu'est l'évangile de Marie nous révèle des valeurs véhiculées dans l'église primitive car le scandale du message de cet homme ne pouvait plus être occulté : Jésus parlait aux femmes, il les écoutait, il les respectait, et les emmenait dans sa suite si celles-ci voulaient suivre le chemin (Lc 8). Le sommet de cette considération à l'autre comme un être qui se possède et peut cheminer est l'épisode de la femme adultère, où ne souhaitant contrevenir à la loi sainte, Il ne répond pas à la demande sur le respect de cette loi (lapider une femme découverte en adultère), mais leur propose "Que celui qui n'a jamais pêché lui jette la première pierre". Et comme ils s'en sont tous allés un à un, il dit à cette femme que lui non plus ne la condamne pas. Mais il ajoute "va et ne pêche plus", signifiant ainsi sa connaissance intime de la loi de l'amour, qui fait porter le malheur là où la fidélité est bafouée (Jn 8 1-10). Dieu est amour, est simplicité, est vérité, et face au tromper chacun pourra expérimenter à écouter ceux qui s'y risquent combien la possession est inviolable, combien elle est constitutive de l'éros. La tromperie contient mille mensonges (comme l'indique son nom) malgré les bravades de ceux qui imaginent que l'amour libre est autre chose qu'un paradoxe absurde et violent.

 

Une autre femme est parfois attachée à la figure de Marie-Madeleine : la femme qui lave les cheveux ou les pieds du christ, et dont la foi est assez immense pour qu'elle s'engage toute entière dans l'amour de dieu par le repentir, plutôt que de garder la tiédeur du marchand qui reçoit dieu comme il est convenu de le faire dans son milieu, mais auquel le christ souligne à qui va son amour, c'est à dire celui de Dieu. Jean le Baptiste a  baptisé Jésus, c'est une femme qui va l'oindre, le deuxième geste du baptême actuel. Ainsi derrière Marie-Madeleine se déclinent plusieurs figures, une anonyme (Lc 7 36), et Marie de Béthanie ( Mc 14 3-9, Mt 26 6-13, Lc 10 38-42, Jn 11, Jn 12 ) , amalgamées à Marie-Madeleine par plusieurs traditions, dont la magnifique légende dorée, qui fait venir Marie Madeleine, avec sa soeur Marthe et Lazard le ressuscités à Saintes Maries de la mer, évangéliser le sud de la France ( Légende dorée de Jacques de Voragine, site de l'abbaye Saint Benoit de Port-Valais ). Elle repose à la Sainte Baume et nous convies aux grâces de l'amour divin.

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Comme la vierge, cette figure est immense, polymorphe, déclinable à l'infini.

 

J'ai eu la chance de sentir très tôt quelque chose de cette ardeur dans le coeur de mes grands parents, pour qui se laisser toucher avec tristesse des malheurs des autres a toujours semé avec des oeuvres, c'est à dire avec un faire immédiat adressé aux autres. Ces actions faites avec une générosité inspirée par le christ est loin de l'image d'Epinal du chrétien fermé au monde… A l'opposé d'individualistes qui regardent les images des malheurs du monde et s'en indignent, en se demandant ce que "les hommes" , "les dirigeants" ou quelqu'un d'autre devrait faire à leur place… Ces individualistes, surs d'être les nouveaux justes, sont les prêtres et les lévites de la parabole du bon Samaritain, qui ne font rien pour leur prochain (Lc 10 29-37) .

Cette ardeur de Madeleine, quelle joie j'ai eu de la retrouver chez ma fiancée, dans son don aux autres. Elle est pour moi l'image d'un christ incarné qui m'a été envoyée pour cheminer.

Car la route est longue. Il y a du chemin…

 

Souvenons nous donc humblement de ce que lui a dit le christ lorsque Marie-Madeleine le voit réssuscité : noli me tangere - n'espère pas trouver preuve matérielle pour avancer dans l'existence (Jn 20 17). Il n'y a pas d'assurance ouvrant de certitude quant au chemin. Il n'y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin. Et elle l'accepte.

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17/07/2016

Les créateurs

L'homme a créé des moyens de déplacement, de communication, de représentation et d'asservissement sans précédent.

Le mer, elle, a créé la vie.

15/07/2015

Temps

Je souhaite produire du temps. Il va s’agir de ne pas courir après lui, mais de lui ménager un espace auquel j’adviendrais.

Il est deux temps. Il est le temps des cycles, dit ‘naturel’, où les fleuves reviennent à la mer, mais la mer n’en regorge point. Dans ce temps naturel, le sujet est résolût en n’interrogeant pas sa place. Acceptant l’éternel recommencement, il cesse de s’approprier ce qui n’est pas à lui. La confusion du naturalisme va implicitement jusqu’à mêler cette acceptation avec la façon dont les bestioles et les astres subissent les cycles. A la nature il oppose la culture, tout aussi relativisée. Cette culture s’est avancée jusque la notion de paysage juste avant de s’imaginer revenir aux origines, et avec ce paysage arrivait un deuxième temps : l’horizon. Le sujet du libre arbitre, s’il en a le courage, s’horizonne. Il regarde au loin là où l’astre luit, et se dirige d’un pas assuré vers un destin dont la responsabilité est entre ses mains. Son temps est compté – de trop bien savoir où il va. Et pétri de certitude, le spectacle environnant le pétrit. Lutte permanente entre l’acceptation des systèmes dominants du pouvoir et la réaction à ceux-ci. Lutte entre la difficulté d’être et le manque à avoir. Lutte face à la violence du constat qui le frappe de plein fouet. L’homme stresse de sa responsabilité atteinte par la perte du temps, mais constate la vérité paradoxale de ce qu’il soit à sa place, qu’il ne puisse rien faire de mieux que ce qu’il constate. Il doit se faire sa place.

Je cherche à produire du temps.

Premier temps - je ne suis rien, j’observe de ce point de néant, de silence – je ne suis rien de plus que d’être à ma place, de sentir mon corps et d’être le monde.

Deuxième temps – je suis responsable car de ce silence j’ai perçu la trace. Je ne suis rien même à ce rien. Mais au sein du silence apparaît un point à l’horizon, une ligne de fuite d’où se dessine le paysage. Et je suis responsable de la flamme qui embrasa ma route vers elle.

L’oubli guette. La distraction approche à pas furtifs.

09/03/2015

LE CHEMINDE LA MORT

Les couleurs sont plus belles le matin.

Sans doute le monde est-il usé par le soleil,

Il se régénère pendant la nuit

Et renait de la cendre du regard

Des insomniaques.

 

Le chemin de la mort serait d’abord un chemin. La mort ne vient jamais, parce qu’elle est déjà là. Et pourtant nous courrons vers elle.

 

Le chemin s’étire. Plus on est avancé, plus son extrémité nous est familière, et plus un flou bouleverse nos yeux. Chaque fois que je fais un pas, une partie meurt et s’en va, et si la clarté s’étire davantage sur le monde à la lumière de ces soleils morts, les arrières mondes ont un gout amer, et je ne joue plus avec mes camarades dans l’arrière cour du souci, dans ces jardins d’enfants, sans conséquences.

 

Nous avançons, les yeux tournés vers le passé, à bord d’un vaisseau qui court malgré nous vers l’ombre, et mes bagages me pèsent et m’empêchent de m’envoler.

Je m’éparpille comme les cendres douloureuses d’un être qui ne maitrise plus rien.

 

La vie est un château de cartes. En montant elle approche de sa fin, indiquant sur chaque facette les sens qui la tissent et qu’elle dépasse comme des racines oubliées.

De cet oubli elle devient château de sable et retourne à la poussière car le vent souffle où il veut et tu entends le bruit qu’il fait.

Le souffle n’est pas la mort, c’est encore la vie.

Les facettes sont mortes, et la mort construit la vie. Nous apprenons chaque instant en mourant à nous même, pour peu qu’on se laisse vivre.

Mais notre mort même nous échappe. Nous passons à coté, de peur de la voir.

 

La joie et la tristesse se passent de mots.

Mais le lieu nait par une parole qui nous projette dans le monde.

Lorsque le problème de moi apparaît, c’est celui de moi avec mon monde – névrose.

Lorsque le problème du monde apparaît, c’est celui du monde avec moi – psychose.

C’est ainsi que le silence fondamental auquel reviendrait Moi m’apaise.

Je n’en suis pas capable, puisque je m’attache à des bords du monde et que ceux-ci s’attachent à moi.

Là où le langage devient malédiction, c’est lorsqu’il perd la justesse pour assouvir ses propres fins. La parole est la couronne de l’expérience. Elle est la façon dont l’être vient à habiter le langage. Le langage nous est inconnu et manifeste comme le ciel – nous pouvons jouer et nous y perdre, oubliant ce qu’il devait  désigner.

 

Tais – moi.

05/11/2014

L'engagement dans l'existence, liberté et angoisse

    adam et eve

podcastUn texte très largement inspiré de

                         l'oeuvre de kierkegaard

podcastet de celle de Bataille, entre autres...

Il s'agit de savoir ce qui nous pousse au bord de nous même vers ce qui nous dépasse complètement.

Le non-savoir y est des plus certains.

J'ai mis dans ce texte le coeur de mes recherches.

J'en suis là.

29/09/2014

La symphonie du chaos doux

 

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Une solitude, un week-end en rase campagne.

Une épopée dans un crane.

Réveil dans les habitudes d'un effondré bucolique.

symphonie du chaos doux.mp3

 

 

23/09/2014

ETAPES SUR LE CHEMIN DE LA MORT

 

 

 

 

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Il ne suffit pas d’un songe pour rendre ineffable la litanie du temps, mais que depuis le crime se corrompe la quiétude de la nuit.

Nous autre préférons les morts, nous qui vibrons par le deuil. C'est avec terreur que nous abordons les vivants, et c'est pour cette terreur que nous vivons.

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