Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/01/2020

Lettre ouverte à l'alcool

Comment suis-je si lié à l’alcool ? Pourquoi parmi ceux que j’aime, tant meurent, tant prennent l’ombre du ténébreux éthanol ?

Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés ? Ils ont été trop clairsemés. Je crois le vent les a ôtés. L’amour est morte. Ce sont amis que vent me porte, et il ventait devant ma porte, les emporta.

L’ange de l’amitié et le démon des solitudes, celui qui donne courage mais dissout soudain au soir de la bataille.

Mes grands-parents en sont morts après en avoir fait commerce. L’animal les a rongés en les payant leur tribut. Il était pour eux libérateur de parole aux oripeaux de vérité éternelle. Cela déjà ils me l’ont enseigné.

Après le temps qu’arbre défeuille, quand il ne reste en arbre feuille qui n’aille à terre, avec pauvreté qui m’atterre, qui de partout me fais la guerre, au temps d’hiver, ne convient pas que vous raconte comment je me suis mis à honte, en quelle manière.

Je continue de devoir boire pour rester au rituel, dans ce temps consacré hors du travail – éloigner ainsi le karma – parfois un instant pour lui faire mieux prendre sens, parfois outrageusement parce que la voie est inassumable, que l’existence est trop faible face à l’idéal révélé par l’alcool.

L’alcool a nettoyé la lentille du télescope. Nous étions trois. Nous avons vu les étoiles. Et de retour sur terre elle nous a paru bien fade. Alors je me suis enfoncé le télescope au fond du crâne. Je vis bien loin.

Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés ? Ils ont été trop clairsemés. Je crois le vent les a ôtés. L’amour est morte. Le mal ne sait pas seul venir. Tout ce qui m’était à venir m’est advenu.

Et on se tient chaud. Il fait froid sur terre. Ethanol nous lie tel que nous croyons être ensemble d’une autre intensité. Et nous y sommes ! Dans la clope ou dans l’alcool, dans la mort enfin ensembles, plus qu’un, une substance volatile et subtile danse entre nos cellules embrasées – même mort pour tous que nous pouvons courageusement saisir ensemble jour après jour.

Pauvre sens et pauvre mémoire m’a Dieu donné, le roi de gloire. Et pauvre rente. Et droit au cul quand bise vente, le vent me vient, le vent m’évente. L’amour est morte. Ce sont amis que vent emporte, et il ventait devant ma porte, les emporta.

11:47 Publié dans texte | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Beau texte

Écrit par : Pierre | 11/02/2020

Les commentaires sont fermés.